Premiers pas ...

Une alarme retentit dans tout l'intérieur de la Base Navale d'Ouest Blue. Les soldats couraient dans tous les sans tandis que les ordres étaient retransmis par des haut-parleurs qui hurlaient. Quelques gradés marchaient au milieu de la foule qui s'écartait sur leur passage; ils se dirigeaient vers le bureau principal ou siégeait le Chef du QG.
L'un d'eux, un grand colonel d'une quarantaine d'années, s'avança et frappa à la porte qui s'ouvrit presque qu'aussitôt laissant voir un bureau spacieux. Au centre trônait un grand bureau sur lequel était éparpillé de nombreux dossiers ouverts ou clos, auxquels se mêlaient un tas d'autres affaires qu'il était impossible de distinguer à travers ce désordre. Derrière ce bureau se tenaient deux hommes, l'un était le Vice-amiral en Chef de toute la Base Navale, l'autre était Akira, une recrue prometteuse. Les trois qui venaient d'entrer étaient un colonel et deux sergents de la Marine. Ils attendirent un instant que le Vice-amiral parle en premier, tous le respectaient et nul n'osa prendre la parole. Au bout de quelques secondes le Vice-amiral débuta :

Vice-amiral : - Que me vaut l'honneur de votre visite Colonel ?

Colonel : - Et bien Vice-amiral je venais vous avertir que l’offensive va être lancée dans un instant et que nous avons besoin de votre ordre pour envoyer nos derniers bâtiments de guerre.

- Oh bien. Rappelez-moi où sont localisés les pirates ?

- Ils ont été vus non loin d’ici, et d’après nos avant-postes, ils vont sûrement tenter de passer la barrière gouvernementale, soit par le force soit pas la ruse qui les caractérise.

- Oh je vois et combien de bateaux avez-vous jugé bon de mettre sur ce coup ?

Il y eu un léger silence. La dernière phrase du Vice-amiral venait comme une interrogation piège pour le Colonel qui mesura la réponse qu’il allait donner. Il chercha du regarde de l’aide chez l’un des Sergents qui répondit :

Sergent 1 : - Et bien j’ai pris l’initiative de faire partir 4 bateaux vers les pirates et …

- Ce n’est pas assez Sergent, pas assez du tout. Nous devons représenter l’ordre et la justice dans ce monde, si ces pirates parviennent à passer la barrière par n’importe quel moyen perfide et bien nous aurons échoué, et vous devez comprendre que c’est ce qu’il faut à tout prix éviter. C’est pourquoi vous allez me faire le plaisir de faire appareiller 3 autres navires. Ainsi nous serons certains de la réussite de notre coup.

-Mais enfin n’est-ce pas un peu trop ? Sans vouloir vous offenser nos effectifs ne peuvent pas être répandu comme ça n’importe où …

Un silence succéda cette réplique. Le Vice-amiral ne semblait même pas avoir entendu, il regardait par l’unique fenêtre du bureau toute l’agitation du dehors. Les soldats allaient et venaient, tous s’affairaient à leur poste et préparait les armements du QG. Le Vice-amiral demeura songeur pendant deux longues minutes, que l’un des Sergents chronométra de manière impatiente avec sa montre. Akira n’avait toujours rien dit et continuait d’observer la scène que le Vice-amiral, comme soudainement réveillé, vint ranimer :

- Ne vous ai-je pas donné un ordre Colonel ?

- Euh si bien sûr mais je me demandais s’il y avait moyen de … euh négocier. Nous devons intervenir vite et appareiller de nouveaux navires nous ralentira.

Le Vice-amiral se retourna et fixa les trois hommes devant lui. Un par un il les dévisagea puis il ajouta ironiquement :

- Oh oui j’avais oublié que vous étiez mon supérieur … Mille excuses mon Colonel.

- Ce n’est pas ce que j’insinuai Vice-amiral, je voulais simplement vous faire savoir mon opinion sur la question, qui me semble importante. Les pirates vont approcher et nous devons absolument les empêcher de passer.

- Un bateau de pirates ? Un seul ? Vous faudra-t-il 3 heures pour les rejoindre et les arrêter ? Je ne crois pas non … Je vais donner l’ordre pour que vous prépariez les bateaux en mettant mes meilleurs ouvriers sur ce coup, dans moins de 30 minutes vous serez partis.

-Je … Bien Vice-amiral. Je m’en vais faire équiper les soldats et les canons. Nous rentrerons victorieux.

- J’espère bien Colonel, j’espère bien … Faite ça, je m’occupe du reste.

Puis le regard du Vice-amiral vint se poser sur Akira qui n’avait toujours pas esquissé un mouvement depuis le début de la conversation. Il le fixa durant de courtes secondes avant de prononcer la phrase suivante :

- Colonel attendez un instant. Vous allez prendre ce jeune homme pour la mission, sur votre navire : je le place sous votre responsabilités Messieurs.

Les trois gradés de la Marine se regardèrent un moment croyant à une blague dont le Vice-amiral était coutumier. Le Colonel s’avança et répondit abasourdi :

- Euh vous vous moquez de moi Vice-amiral, sans vouloir vous manquez de respect. La mission peut être dangereuse pour une Recrue et sa sécurité serait un fardeau en plus pour nous.

Akira non plus n’avait pas trop envie de s’aventurer en mer pour le moment. L’inconnu de l’océan ainsi que les pirates ne l’effrayaient pas mais il ne se sentait pas prêt. Il allait réplique lorsque le Vice-amiral lui lança un mystérieux sourire.

- Vous contestez encore mes ordres Colonel ? Avez-vous oublié que la Marine admet un respect des commandements que l’on reçoit de ses supérieurs ? Je ne vous demande pas de le surveiller tout le temps, l’un de vous suffira amplement. De plus cette Recrue peut se débrouiller seule, un futur Marine en perspective ! De plus il faut bien commencer un jour non ?!

Le ton du Vice-amiral n’admettait aucune objection. Akira s’avança vers l’un des sergents, tandis que le Colonel semblait implorer du regard une dernière faveur du Vice-amiral qui ne le voyait même pas. Comme pour rompre ce pesant silence, Akira prononça seulement ces mots :

Akira : - Merci, je tâcherai d’être à la hauteur ….

Le Vice-amiral ne répondit rien, il contempla la porte se refermer lentement sur Akira et les trois autres Marines. C’était un homme énigmatique dont Akira ne connaissait au final pas grand-chose, à part qu’il aurait connu autrefois son père. Akira fut emmené vers le débarcadère où attendaient encore certains navires et les soldats près à embarquer. Le Colonel murmura quelques mots au Sergent et Akira comprit qu’on parlait de lui. Puis le Colonel s’en alla accompagné par le Sergent qui n’avait toujours pas parlé. Celui qui restait lui dit ceci :

- Ecoute, je suis chargé de m’occuper de toi. Je ne partage pas l’avis du Vice-amiral de t’intégrer à cette mission, mais bon … les ordres sont les ordres. Tu as l’air d’un grand garçon alors tu en feras pas de bêtises hein ? Les pirates peuvent être dangereux tu dois t’en rendre compte et tu risques de le voir très vite. Bien, tu vas monter avec moi et tu écouteras chacune des mes consignes, tu exécuteras chacun de mes commandements ?

Akira répondit « Oui » de la tête puis le Sergent sembla satisfait. Tous deux montèrent à bord d’un navire prêt à partir, Akira eut une pointe d’appréhension en grimpant sur la passerelle : jadis son père avait fait pareil, et aujourd’hui lui marchait sur ses traces. Sans le savoir, le Vice-amiral venait de lancer la carrière d’un jeune adolescent plein d’espoir, de soif de justice et de vengeance à travers le monde. Parfois les gestes les plus simples peuvent avoir les conséquences les plus grandes, l’histoire d’Akira en est un témoignage …

La cloche d'alarme provoqua un mouvement de panique inattendu parmi les marins du bateau, les vagues frappaient violemment la coque des navires qui semblaient craquer à chaque instant. Sur le pont les vagues balayaient les matelots désorientés, qui tentaient malgré le vent redoutable de tenir le cap. Les voiles étaient gonflées au maximum et le navire filait droit devant, secouait par la furie de l'océan. Déjà au loin la Base Naval s'effaçait et ne paraissait plus qu'un point lointain sur la barrière de l'horizon. Le ciel s'était transformé en plafond sombre d'où surgissait quelques éclairs menaçants qui s’abattaient sur l'eau déchaînée. Les 7 bateaux de la Marine avançaient donc difficilement, d'autant que la pluie s'était mise à tomber d'un seul coup.

Akira était resté dans la cabine du commandant de bord qui était en l'occurrence le Sergent. Tous les marins avaient été mobilisés sur le pont ou dans les cordages pour maintenir le bateau en place et éviter qu'il ne coule. Le Sergent, à la proue du navire observait avec ses jumelles le lointain.

- Je vois le navires pirate là-bas. Soldat donnait l'ordre de diriger le navire a tribord, 88 degrés à l'Est.

Soudain l'imprévisible arriva, un éclair tomba du ciel et d'abattit sur l'un des bateaux de la Marine qui vola en éclats. Les cris des foudroyés et des soldats projetés dans l'eau houleuse déchirèrent l'obscurité. Le Sergent regarde la scène d'un air hébété, il hurla quelques ordres que même Akira pu entendre de l'intérieur de la cabine où il était. Il se résolut à prêter main forte aux hommes dehors, après tout c'était son devoir. Mais alors qu'il ouvrit la porte, il découvrit le spectacle chaotique du dehors : les soldats essayaient tant bien que mal de tenir le cap, le Sergent aboyait maintenant les ordres, les pirates filaient droit et les bateau de la Marine étaient en déroute totale.

Une gigantesque vague s'éleva devant les marins désemparés, elle devait mesurer au moins 8 mètres de haut. Le Sergent la regarda se former et arriver droit sur eux, il murmura :

- Que Dieu ait pitié de nous soldats, le Vice-amiral avait raison, peut-être avons-nous sous-estimé ces maudits pirates ...

Le choc fut terrible, la vague s'effondra sur les navires qui craquèrent et s'entrechoquèrent. Akira fut repoussé au fond de la cabine de laquelle il sortait à peine par une lame d'eau puissante. Néanmoins aussi étonnant que cela paraisse, le navire sur lequel il était tint bon et résista. Le Sergent se redressa et vit autour de lui des soldats morts et à quelques mètres la carcasse de trois navires qui sombraient, emportaient par les torpeurs de l'océan. Il se sentit impuissant et baissa la tête pour prononcer ces mots :

- Tout est perdu, nous avons échoué ...

Mais alors que tout semblait d'effondrer autour des 3 derniers navires et que la mission ressemblait à un échec, des coups de canons retentirent dans le lointain. Les soldats se précipitèrent au bastingage pour voir que le bateau des pirates s'était immobilisé, assailli par une créature des Mers qui avait percé les voiles et troué la coque. Les Marines contemplèrent ce triste spectacle, les pirates ne pouvaient rien et furent décimés en quelques minutes. Akira regardait avec effroi cette créature des Abysses qui acheva de faire sombrer le navire pirates. L'immense serpent replongea dans l'océan qui demeurait agité mais s'était calmé un peu.

- Vous avez vu ça ... ?! Le serpent des Mers a anéanti les pirates ! La mission est finie ! ... Nous rentrons !

Mais la réjouissance fut de courte durée, car déjà le monstre marin surgissait de nouveau et s'attaqua à l'un des 3 navires rescapés. La créature tout droit sorti des fonds marins les plus sombres paraissait peut-être cents fois plus cruelles que l'océan déchaîné, tant elle saccageait le bateau qui ne ressembla plus qu'à un vulgaire radeau sur lequel s'entassaient les cadavres des pauvres soldats morts en vain. Soudain la créature se dressa face au navire d'Akira et se prépara à lui livrer le même sort que celui des pirates. Le Sergent était paralysé comme le reste de l'équipage, comme s'ils attendaient leur sentence dans une immobilité stupéfaite.

Akira observa l'oeil de la bête pour déterminer quand celle-ci allait s'abattre. Une lueur jaune passa dans les yeux du monstre qui fonça droit sur le Sergent pétrifié; mais à ce même instant Akira bondit dans un ultime élan de désespoir :

- MIRRORS' EXPLOSION !!!

Des milliers d'éclats de miroir volèrent et vinrent se planter dans les yeux du serpent qui gémit et se tordit de douleur ! Le Sergent revint à lui comme réveillé d'un long sommeil et ordonna de faire feu ! Les deux bateaux restant vidèrent toutes leurs munitions (balles et boulets de canon) sur la créature déjà borgne qui agonisa avant de s'effondrer puis de mourir dans un dernier râle d'agonie.

Akira retomba sur ses genoux et regarda ses mains qui brillaient de mille feux, illuminées par le pouvoir de son fruit qu'il venait de déclencher. C'était la 1ère fois qu'il utilisait son pouvoir contre un être vivant, tous les hommes se tournèrent vers lui et le fixèrent éberlués par ce qu'ils avaient vu. Le Sergent le pénétra du regard puis ses yeux retombèrent sur le cadavre de du monstre à la surface de l'eau toujours un peu agitée. Il ramassa un morceau de miroir sur le sol et sembla l'interroger du regard. Puis il se redressa et réajusta son large manteau sur ses épaules. Il se dirigea vers sa cabine sans rien dire, mais lorsqu'il passa devant Akira, il lui mit la main sur l'épaule et l'entraîna avec lui.

Les deux seuls navires survivants firent demi-tour et rentrèrent vers la Base Navale, la mission était terminée.